Interview de Rachid Djaidani réalisée par Aminata Aidara
Rachid Djaidani et moi nous nous rencontrons dans un bar de Belleville qui met de…
Rachid Djaidani et moi nous nous rencontrons dans un bar de Belleville qui met de la musique maghrébine à fond. Nous buvons un thé à la mente et nous parlons sans aucune pause pendant une heure !
La communication entre générations
Aminata
Dans vos romans j’ai remarqué une certaine difficulté de communication entre générations. Je vous donne un exemple: dans Boumkoeur les principes et les valeurs des parents de Yazad n’aboutissent à rien à cause d’un manque de dialogue avec leurs enfants :
Aziz est un dealer, puis un gigolo. Hamel meurt d’un overdose et Yazad écrit que le chômage « ça devient l’une des seules choses qui se transmettent de père en fils » (page 24).
Une façon pour décrire cette incommunicabilité est celle d’investir « Mimi le chat » d’une signification particulière, comme s’il s’agissait d’un lien auprès d’une famille brisée par le silence:
Hamel, pour rentrer en cachet chez lui, gratte la porte comme le chat, Sonia donne au chat toute l’affection qu’elle n’arrive pas à diriger vers sa famille, le conflit entre Aziz, Sonia et leur père éclate autour de la mort de Mimi le chat et Grézi utilise cet animal pour envoyer des messages sur l’état de Yazad à la famille de l’otage.
A votre avis quel est ce mur qui empêche une meilleure communication entre parents et fils?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Ce que je pourrais te dire c’est que je pense que le problème de communication c’est que souvent nos parents ont eu à souffrir et à subir les douleurs de la colonisation qui, tout à coup, leur a fait garder en eux certaines blessures. Et dans leur éducation, eux même, n’ont pas appris à parler, à dire. Ce qui fait que arrivé à un moment, le problème de communication entre le pères et le fils c’est dû aussi à la pudeur. A la pudeur des sentiments. Et aussi au fait que…mon personnage est né en France, ses parents sont nés au Pays, au Bled et ce qu’ils disent à leurs enfants c’est de ne pas se faire remarquer, d’accords? De ne pas montrer leurs douleurs, de rester discrets. Mais à force de ne pas vouloir se montrer on a aussi perdu le langage. Souvent pour les Algériens, en l’occurrence par rapport à la guerre d’Algérie avec la France, les parents, dans l’espoir d’une intégration plus facile pour leurs enfants, ils n’ont pas voulu leur apprendre l’arabe. Moi en tout cas je ne parle pas l’arabe. Parce qu’ils se disaient que si on parlait que français on serait mieux acceptés et mieux intégrés, alors que ça n’a rien changé quoi! La tragédie c’est qu’effectivement il n’y a pas eu… moi et mon père ou Yazade et son père, ils ne peuvent pas communiquer parce qu’ils n’ont pas le même langage et le seul langage qui existe chez nous c’est le regard. Voilà c’est notre langage. Il est beaucoup plus subtile, beaucoup plus poétique, beaucoup plus violent parfois; mais le langage que ça se transmet dans nos communautés de pères et fils est celui du regard. Ça se passe dans les yeux quoi. Et c’est un regard que je pourrais dire viscéral. C’est vraiment là dessous, c’est vrai et en même temps ça nous fait des manques. Il y a des choses qui n’ont été jamais transmises de façon orale et qui sont maintenant innées en moi, qui sont à l’intérieur de mon être. Je ne sais pas si c’est clair mais à propos de la communication… c’est vrai qu’il n’y a pas de communication. La communication est celle du regard, celle du silence et c’est ce que j’explique à un moment dans le roman herunterladen. Je ne sais pas si c’est Boumkoeur ou Viscéral, mais l’autre façon de communiquer c’est les coups quoi. Il y a que là que tout d’un coup on est en contact ou sinon c’est quand c’est la mort, quand le père il porte son fils et que le frère du mort dis « putain c’est la première fois que mon frère regarde mon père sans baisser le regard ». On a des vies douloureuses en réalité. Vraiment. Et c’est retranscrit dans nos écrits.
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La drogue
Aminata
Dans Boumkoeur vous décrivez les dégâts que la drogue peut faire dans la jeunesse. L’écrivain italien Pasolini, à ce propos, avait écrit: « la drogue est un succédané de la culture, dans le sens qu’elle remplit un vide causé par le désir de mort. Ce désir de mort est aussi un vide de culture et d’imagination. Pour aimer la culture il faut une grande vitalité parce-que il s’agit d’une possession à conquérir » (La droga, una vera tragedia italiana, page 87).
Est-ce que vous êtes d’accord avec cette affirmation?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Complètement et je te dirais aussi que si la drogue est aussi présente dans Boumkoeur autant que dans nos vies c’est qu’il est préférable pour une société d’avoir une jeunesse endormie qu’une jeunesse en révolte. Je pense aussi que le problème qu’on peut avoir (je fais toujours des liens entre ma vie, ma littérature, même si c’est pas ma vie que je raconte mais il y a forcément des échos qui sont similaires) c’est que arrivé à un moment on nous a tellement fait croire que la culture était réservée à une élite que lorsque que tu viens de banlieue ou que t’es originaire d’une fondation prolétarienne tu te dis que la littérature, le cinéma, la musique, les musées, ce n’est pas réservé à toi, c’est réservé aux autres. Ta question est très pertinente et Pasolini, pour ce qu’il était, remplit en plus des cases vides dans ma tête. Ta question est superbe. Ce temps à tuer il faut bien trouver le moyen de le tuer. Quand t’es en bas d’une tour et que ta vie ne donne pas d’horizon effectivement pour combler ses manques les gens s’emplissent de marijuana, de cocaïne, d’héroïne, d’alcool parce que il y a beaucoup de frustration. Bien sûr elle est due à un manque de culture mais si tu vas plus loin c’est aussi et surtout un manque de sexe, de sexualité. C’est cette frustration… je pense que quelque part si les mecs aujourd’hui trouvent des substituts à la culture – et pas qu’à la culture, à la sexualité et tout – c’est que arrivé à un moment il y a des grandes frustrations et la plus grande frustration pour un jeune ce n’est pas forcement de ne pas avoir lu des livres mais c’est de ne pas pouvoir s’épanouir sexuellement. A partir de là comment tu peux exploser quand tu implose à l’intérieur ? C’est des implosions intérieures et c’est ça le vrais malheur: encore une fois on revient sur la communication. On parle de la communication père-fils mais aussi le vrai malheur du manque de communication c’est homme-femme. Cette génération de jeunes garçons n’a pas du tout contact avec la femme parce que au lieu de la rendre princesse ils lui ont fait manger que des faiblesses, ils l’ont anéantie dans leur tête, ils l’ont…Ils arrivent plus à communiquer avec les fées, les princesses, avec les femmes quoi ! Et c’est un plus grand malheur que la drogue: les hommes de certains quartiers, comme dans Boumkoeur par exemple, ils ont perdu la communication. Quand tu es avec tes potes et tu parles ainsi: « Ouais vas-y la vie de ma mère » ça va, mais une femme elle attend autre chose d’un homme. Qu’il soit tendre, qu’il soit poétique, sensible. Mais on leur a fait croire, et ça c’est la société, que être avec du chamallow dans la bouche avec une attitude de corbeau, parler comme des animaux ça faisait d’eux des êtres singuliers… non. Ça a fait d’eux des singes.
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La construction de soi des jeunes hommes
Aminata
Pour approfondir la thématique homme-femme…Dans Boumkoeur Grézi, à la page 130, exprime le désir d’être homme et en général, vos personnages masculins se trouvent souvent en difficulté par rapport à la construction de leur personnalité, tandis que les personnages féminins sont plutôt caractérisés par l’ambition, le courage, l’indépendance et la rébellion (comme le montre Gigi dans Mon nerf, Shérazade dans Viscéral et le parcours de la sœur imaginaire de Mounir).
Est-ce que à votre avis, parmi les jeunes issus de l’immigration, les garçons ont plus de difficultés par rapport aux filles à trouver des exemples nécessaires pour mûrir free writing program?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Bien sûr, c’est évident et c’est tellement triste. Je vais essayer d’être clair. On a des modèles de femme très puissants dans nôtres familles. Ma mère est une femme puissante, d’accord? Ma femme est une femme puissante, même avant de la rencontrer. Les rencontrer amoureuses que j’ai pu faire dans ma vie ont toujours été faites avec des femmes qui avaient de la conviction, de la force, de la passion alors que nous, nos modèles de pères… quelque part… ta question initiale est à la base de toute mes réponses, comme quoi le vrai problème c’est le père. C’est que nos pères sont tout le temps effacés et c’est pour ça que souvent on cherche des héros à l’extérieur, on va chercher Zidane, on va chercher Mike Tyson, on va chercher Yasmina Kadra l’écrivain ou Hermann Hesse …nos modèles d’homme on va les chercher à l’extérieur mais nos modèles de femmes ont les a à la maison. C’est vrai que même quand je suis avec mes amis et je leur dit « Putain, j’attends rien d’une femme parce que je suis quelqu’un d’épanoui, je ne veux pas être maladroit mais c’est depuis que je suis gamin…que moi ce qui me manque c’est le modèle de père. Ce n’est pas le père dans la force mais c’est le père cultivé, parce qu’arrivé à un moment le langage du regard a des limites. On est des êtres évolués et pour évoluer encore plus il y a les mots et en même temps c’est super compliqué. C’est pour ça que c’est à nous, c’est à moi, à toi de répondre à ce genre de thématiques.
Moi aujourd’hui je suis père d’une petite fille. Elle pourra lire les livres de son père mais moi je pourrai l’orienter en lui disant : tu peux lire ça, tu peux voir ça, tiens, va au musée, va au cinéma. Je me suis émancipé, j’ai cassé mes barrières, même si pour certaines personnes je suis un ovni, qu’on a du mal à me classifier… même dans ma banlieue, là d’où je viens. Quand on parle de moi on dit: « mais Rachid est un peu chelou » et c’est parce que je me suis émancipé, je me suis libéré des codes. A ma fille je pourrai lui dire: va là, prend ce livre, est-ce que t’es au courant du discours qu’a fait Malcolm X… Il faut que t’ailles à New York ma fille…
Donc notre culture c’est quoi. C’est le Coran. Tes parents ne savent pas lire ni écrire l’arabe mais le seul livre qui fait foi c’est le Coran. Le seul voyage qu’ils vont te demander de faire c’est celui à la Mecque. Mais la vie est plus vaste quand même ! Tu peux t’éveiller spirituellement et intellectuellement sans que ça fasse opposition ! Tu peux être ici ancré en France et te sentir français tout en voyageant et en rêvant d’être ailleurs et être un ailleurs, tu comprends? Et c’est ça notre grande difficulté. C’est que arrivé à un moment l’élévation peut se faire que par la culture et par la communication mais quand tu grandis dans un univers où on te dit que le seul voyage c’est la Mecque… (J’espère faire mon voyage un jour!) Et que le seul livre à lire c’est le Coran…d’accord je le lirai un jour mais la vie est aussi vaste)… il faut chercher de s’émanciper. Et dans mes romans c’est ce que j’essaie de faire. De dire « ce n’est pas aussi clair que ça, ce n’est pas aussi vif, ce n’est pas aussi tranché ».
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Aminata
Pour me rattacher à ce que vous êtes en train de dire sur votre émancipation…
Vos protagonistes sont des individus exclus, d’une certaine manière, de leur propre environnement.
Rachid
Ils me ressemblent pas mal quand même, ahahaha !
Aminata
Ahahaha! Donc…Yazad a toujours besoin de la protection de Grézi pour s’intégrer dans le quartier herunterladen. Mounir se voit reprocher par les parents de ses camarades d’école le fait de vivre dans un quartier où la majorité des personnes sont, comme lui, issues de l’immigration et de l’autre côté les jeunes de sa zone lui reprochent son appartenance à la petite bourgeoisie.
On trouve une situation similaire auprès de Lies, qui voudrait réussir sa vie à travers des moyens légaux et créatifs mais qui voit échouer ses rêves: le phone center où il travaille va être cambriolé, sa salle de sport va être brûlée, ses amis vont s’opposer à sa relation avec Sherazade et son premier jour de tournage comme acteur va terminer avec sa mort étant donné qu’il interprète un rôle qui n’est pas celui qu’on attend de lui. Ce seront ses compagnons, paradoxalement, à le punir.
En regardant tous ces exemples je vous demande:
Est-ce que l’homologation, dans le ghetto, représente un diktat auquel qui se rebelle va payer cher ce choix?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Oui. Tu le vois dans la fiction autant que dans la réalité. Quand certains artistes ont commencé à « sortir du ghetto » et à gagner de l’argent (parce que le vrai malheur c’est de gagner de l’argent vis à vis du regard des autres, des regards pleins de jalousie). Dès l’instant où tu t’émancipe on n’aime pas, on t’aime plus, on te jalouse. Et pour preuve, quand certains artistes ont réussi à s’émanciper dans tous les sens du terme: gagner de l’argent, une reconnaissance nationale, voir mondiale à travers leur art, tout d’un coup t’entend que soit leur famille a été rançonnée, soit eux ont été kidnappés, reniés et blablabli et blablabla… On t’aime quand t’as rien. Tes vrais amis tu les vois quand tu commences à évoluer et qu’ils te portent toujours. C’est compliqué parce que c’est tellement contraire pourtant aux bases de nos éducations! Mis le malheur est là: dès l’instant où tu t’en sors et que tu sors des codes et que tu ne veux plus être code-barres et que tu veux t’envoler, ben, là ça devient le ball-trap.
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Aminata
C’est parce qu’on arrête d’être « subalterne »… ?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Voilà. C’est ça. Mais regarde, l’image est claire: quand on est tous des vers de terre et qu’on est dans la même bouillabaisse ça va. Mais dès l’instant où tu commences à avoir des ailes qui poussent et que tu commences à prendre de l’altitude et bein, tous tes potes deviennent des chasseurs et ça devient ball-trap et boum boum ils essaient de te tirer dessus. Il y a un groupe de rap qui s’appelle IAM, ils l’expliquent bien dans une des leurs chansons. Quand ils sont partis à la conquête du monde du hip hop ils ne savent pas qu’on allait leur tirer dans le dos et que c’était les mecs de leur quartier qui commenceraient à les zigouiller. C’est pour ça que nous, les artistes, on est tous à Paris. Ici on est libres de faire ce qu’on veut et on est plus soumis au diktat à la fois de la famille, de l’éducation, du groupe, tu vois? Moi quand je retourne en banlieue c’est que pour aller voir mes parents et quand mes potes me disent « ouais tu ne passes plus nous voir » je leur dis: « venez on va à Paris, il y a des filles, il fait beau, la banlieue c’est bon, on la connaît ». A l’inverse des bourgeois qui, eux, retournent en banlieue pour frissonner, pour voir, pour faire des films… moi c’est bon, je n’ai plus envie de frissonner, je n’ai plus envie d’avoir peur: depuis que je suis gamin j’ai peur. Maintenant je suis à Paris. Je suis fier de mes origines prolétariennes mais je pense que je suis in animal qui a envie d’évoluer. Ça ne veut pas dire qu’en restant en banlieue tu régresses, mais pour moi j’ai fait le tour, tu vois. Et c’est dur d’être libre. Surtout quand t’as grandi dans des groupes solides. C’est pour ça que moi je ne dois rien à personne. Tu comprends? Personne m’a donné un stylo pour écrire, personne m’a donné une caméra pour filmer, personne m’a posé un décor pour jouer… tout ce que j’ai eu je suis parti le chercher kostenlose rennspiele herunterladen. Sans forcement le soutien de ma famille, sans forcément le soutien de mes amis et contrairement à ce qu’on pourrait croire c’est les bourgeois ou l’intelligentzia, qui a vu en moi un potentiel. C’est complexe la vie ! Ce n’est pas eux contre nous. C’est pas « ouais les français, les blancs, les bourgeois », non! C’est une histoire de sensibilité.
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La discrimination
Aminata
La discrimination de certains français envers les jeunes issus de l’immigration est bien visible, dans vos romans, dans plusieurs passages. Par exemple, Gazouz, le seul personnage intellectuel décrit dans Viscéral, est victime d’une attitude discriminatoire à cause de ses origines, à cause d’une France qui le juge à partir de son nom. Ou encore, on voit de la « discrimination positive » dans le recrutement d’un policier maghrébin qui est défini « plus royaliste que le roi ».
On apprend, donc, que les qualités personnelles risquent de n’avoir aucun poids par-rapport aux origines.
A votre avis, quelle est la réponse ou l’attitude que les nouvelles générations pourraient avoir face à ces préjugés?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Aujourd’hui, comme je l’ai écrit dans mes romans, il y a eu le moment de la BBR. Bleu blanc rouge. Ça veut dire: si t’es français on t’ouvrira les portes, si ce n’est pas le cas et que t’as un nom aux consonances difficiles à prononcer ou une gueule trop pixel caramel « grillé » on va dire, bon, on va te mettre en marge. L’exemple plus claire c’est que aujourd’hui il y a des jeunes qui ont fait des études, des grands études -ce qui n’est pas mon cas, moi je n’ai pas fait des études du tout, j’étais maçon – et qui étaient dans les quartiers considérés comme des princes du savoir, des princes de la connaissance. Arrivé à un moment on n’osait même pas les tutoyer tellement être à leur contact était extraordinaire. Même quand ils te disaient « bonjour » tu étais content parce que tu sentais que tu devenais plus intelligent qu’au début de la journée. C’est vrai, c’est ce que j’ai vécu quand j’étais jeune. Nos parents n’avaient qu’un seul souhait : c’était de marier nos sœurs à ces mecs-là. Parce qu’ils avaient les diplômes, ils étaient bien habillés, ils sentaient bon, tu vois? Ils étaient l’espoir du quartier, l’espoir de nos parents…qu’ils ont toujours misé, parié sur les études. Arrivé à un moment, ces jeunes garçons issus de l’immigration, surdiplômés, tu les voyais commencer à faire des dépressions, des tentatives de suicide, travailler au Mac Donald’s, ne pas trouver du travail, perdre leurs dents, perdre leurs cheveux à cause du stress. Alors tes parents te disent: en fin de compte, c’est des bons à rien eux… regarde plutôt l’autre là, il a une grosse voiture, il a aidé sa mère pour aller à la Mecque, il a acheté une maison, et toi tu dis à tes parents « ouais mais lui il fait du business, il fait des choses pas biens » et eux ils te disent « ouais tu dis ça parce que t’es jaloux ». Donc les petits voyous, deviennent l’exemple. L’étudiant, la société lui a mis une croix, l’a décapité, tandis que le petit voyou qui fait son travail illicite, on le laisse s’émanciper. Même dans les familles, donc, on a fini par ne plus croire à la chance de la république, la laïcité et bla bla bla… Mais à croire au petit gamin qui a sa Cabriolet et paye son voyage à la Mecque. Et ce gamin vient demander la main de tes sœurs et toi tu dis « ouais mais non, mais lui c’est un dealer » et les autres « non, c’est toi qui est jaloux » updates herunterladen aber installation manuell durchführen. Et donc voilà, il emporte la mise. Et la société, la France, elle sait très bien ce qu’elle fait. On ne va rien changer à la fin de ton entrevue. On ne rendra pas les gens plus cons, j’espère que l’on leur apportera peut-être un peu de visibilité… Mais le système qui est en face de nous, il a déjà placé ses pions, il sait très bien.
Et puis demain quand la société elle a besoin de décompresser elle va prendre Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, qui sont visuellement des personnes auxquelles tu peux t’identifier, mais qui au fond (comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences) sont plus radicales que les plus extrêmes, tu comprends ce que je veux dire? Ces noires et ces arabes (pris par la France pour montrer que le pays n’est pas raciste), étant donné qu’ils sont formatés par le système, ils ont un discours beaucoup plus violent par rapport aux minorités et par rapport aux difficultés d’émancipations des minorités. Par exemple sur le discours de l’école ils se disent : Regardez, moi j’ai réussi! Pourquoi ils ne réussissent pas? Si moi je suis arrivé et eux n’y arrivent pas c’est qu’ils ne veulent pas réussir…
Alors tout est foutu… les petits frères, toi tu le vois bien ici à Paris, tu les vois plus souvent avec une cagoule qu’avec un livre… Et on parle plus souvent d’eux quand ils font un braquage ou quand ils brûlent une voiture que quand ils ont écrit un roman. Tu vois, tout ça c’est voulu… on n’a pas envie de montrer aux électeurs que, par exemple, Rachid Djaidani ou Aminata Aidara ce sont des écrivains. Donc c’est super violent. Il faut être fort. Et pour retourner à Pasolini, c’est évident que des fois, pour ne pas péter les plombs il faut trouver des substituts. Et un substitut c’est aussi la drogue. On se dit: « Voilà, on m’insulte tous les jours, et bein je vais décompresser ». Car tout le monde n’a pas envie d’être boxeur, de prendre des coups dans la gueule pour décompresser ou faire du sport. Et puis aussi, je vais te dire… les banlieues elles sont en dehors de Paris, voilà, si tu veux venir à Paris pour t’émanciper, il faut payer le train, et pour payer le train il faut avoir de l’argent, pour avoir de l’argent il faut travailler, si tu travailles pas tu ne peux pas bouger…enfin, tout est calculé…ce n’est pas nouveau ce qu’on raconte, quand ça pète en banlieue, et bein c’est les politiciens qui ont accepté que ça pète. Quand ils veulent que les gamins dorment pendant les vacances ben, on va monter des commandos pour que la drogue rentre plus dans les cités et si on veut que la drogue rentre dans les cités c’est parce que on y tient à les endormir…les plus grands trafiquants c’est le système tu sais? Si demain les politiciens voulaient que ça aille mieux en banlieue ou dans les quartiers populaires ça irait ais bien sûr ! Regarde dans le cinéma, regarde dans la littérature… ils sont tous entre eux! Dans la politique ils sont entre eux… Alors qu’on n’est pas arrivés hier, tu vois? On est là depuis un bout de temps quand même. Nous les français du sang neuf! Donc les manifestations, les revendications ça va, d’accord, mais le vrais combat c’est le travail, comme écrire des livres faire des films et puis évoluer peu à peu. Mais c’est dur. Dans Mon nerf je voulais parler c’est la folie. A force d’en prendre dans la gueule, les mecs pètent les plombs! Et si tu regardes aujourd’hui dans les asiles psychiatriques il y a de plus en plus des jeunes de banlieue. C’est parce que ils se retrouvent face à un mur. Et là c’est le mur de l’incompréhension. C’est encore plus violent tu sais ? Tu te dis « ouais j’ai fait tout ça et voilà le résultat smule aufnahme herunterladen? Je me suis pas drogué, je n’ai pas des casiers judiciaires, j’ai tout donné pour les études, j’ai cru à la république, j’ai cru en la laïcité, j’ai cru au droit de vote, j’ai cru à la femme, et au final on me dit que je n’ai pas le droit quoi ! Que je n’ai pas le droit d’exister! » C’est quoi exister aujourd’hui ? C’est gagner ton salaire ? Moi je suis père de famille et on me dit que je n’ai pas le droit ?
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Ecrire pour exister
Aminata
Dans Boumkoeur Yazad révèle à son ami que son seul rêve est celui d’exister et en réfléchissant il continue en disant: « …à nous l’opportunité de saisir nos projets…seuls les actes payent ».
Selon Sartre « l’homme n’est rien d’autre que ses actes ».
Pensez-vous que l’écriture est un de ces actes qui ont un pouvoir performatif dans la réalité de la vie?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Oui mais à condition qu’on diffuse tes écrits. Parce que regarde aujourd’hui c’est l’intelligentzia qui domine. Quoi que j’écrive, ils vont dire que je suis dans le cliché. Ils ne veulent pas voir notre réalité. Ils ne veulent pas voir nos douleurs. Ils vont aimer, si ce ne sont pas les personnages politiques multicolorés, les petits écrivains « oui la vie de ma mère », qui parlent avec du chamallow dans la bouche…qui a aucune réflexion sur la vie et sur la philosophie, sur la spiritualité enfin ce qu’on veut, qui va sur les plateaux média pour dire « ouais vas-y moi j’ai écrit mon livre parce que vas-y, nous… » et c’est un personnage qui réconforte. Moi j’en connais plein d’écrivains super passionnants et intéressants qui ont des choses à dire et qui pourraient nous aider à faire évoluer notre société, mais on ne veut pas les entendre. Moi je suis un écrivain privilégié mais n’empêche que quand on m’accueille c’est avec le : « Voilà Rachid écrivain de banlieue ». Je suis à Paris et pourtant je suis toujours écrivain de banlieue. Et en plus, avec cette présentation, les gens n’iront pas acheter, voir ta création, n’irons pas découvrir. Parce que pour eux la banlieue c’est ce qui brûle. C’est trois mots de vocabulaire, il n’y a pas de réflexion. Boumkoeur a cartonné parce que à l’époque il y avait un mec qui s’appelait Bernard Pivot qui m’avait invité sur son plateau et qui avait dit: « ce n’est pas du hip-hop ».
Aujourd’hui regarde, les dernières entrevues que j’ai faites sur Viscéral, que des émissions politiques, alors d’accord je veux bien mais moi je suis un écrivain.
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Aminata
Quand vous pensez à votre public vous l’imaginez fait de Français tout court ou plutôt de Français issus de l’immigration?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Tout tout, j’imagine tout. A l’époque de Boumkoeur, en ’99, je pensais que mon roman était réservé aux mecs de mon quartier. Et en fin de compte, c’est d’abord les gens de Paris, de la Province, les mamies… qui ont d’abord accueilli mon roman. Et après ça été l’effet boule de neige qui m’a fait revenir souvent dans les plateaux, à la télé…et qui m’a fait connaître aux gamins de banlieue… par exemple, le garçon avec qui tu m’as vu tout à l’heure, il avait offert mon roman à sa petite sœur. Tu vois ? Par contre quand Mon nerf est sorti, j’ai eu que deux articles dans la presse, alors que j’ai vendu 100.000 Boumkoeur.
Pour moi mon plus beau roman c’est Mon nerf. C’est sur l’introspection, très dark, très profond, très humain parce que singulier mais universel…et un jour un journaliste m’a dit: « ben si aujourd’hui les écrivains de banlieue commencent à écrire des histoires sur leurs amis qui vont voir des psychiatres… » Bande de bâtards quoi! Tu vois, ils nous insultent tous les jours. C’est pour ça que moi j’écris très lentement, mais très durement aussi. L’écriture je la mets beaucoup en retrait dans ma vie. Parce que si c’est pour me faire insulter… Il faut être fort et moi parfois je me fragilise activinspire download kostenlos chip. Les gens t’insultent en te vouvoyant. C’est pas évident. Mais je pense qu’il faut garder en tête le combat et la nécessité du combat. Et vouloir exister. Ce seront nous, peut être les penseurs de l’avenir, on est des plaies mais demain on deviendra les penseurs de nos douleurs.
Moi je peux lire Céline, je peux lire Camus, tous les écrivains de la littérature française mais eux ne veulent pas faire le pas vers nous… Ils préfèrent que ça soit des sociologues à s’occuper de nous…
Et puis quand dans nos quartiers ça brûle ils vont nous inviter pour parler de la banlieue mais moi je suis un écrivain et bien sûr, tout ce que j’écris est bien ancré dans la réalité, mais arrivé à un moment t’as envie d’être lu. C’est pour ça qu’après tu perds le goût de l’écriture. Les médias à la fois ils nous connaissent pas et à la fois ils sont jaloux. T’imagines, sur un plateau littéraire avoir un gamin qui n’as pas fait d’études mais qui au même temps a été maçon, boxeur, comédien, qui fait des documentaires… et qui en même temps fait des fautes et assume le fait de faire des fautes… avec un parcours complètement urbain… qui est le pote de Joey Starr. Mais qui en même temps a travaillé avec Peter Brook…T’imagines la jalousie de ces gens là? On touche à leur rêve.
Je ne veux pas que nos enfants aient à subir la discrimination dans la quelle on est maintenant. Nous en vrai on est la poule aux œufs d’or de la France. Ils veulent pas avoir de nous des poussins, ils veulent qu’on les laisse dans les œufs. Parce que le jour où on va écrire ils vont voir qu’on est beaux. La France c’est une poule qui nous couve mais elle a peur d’aimer ses poussins donc elle préfère nous garder dans une basse température. Notre poule à nous elle a le sang froid. Alors qu’il faut du sang chaud pour qu’on éclose.
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Choisir sa propre culture
Aminata
Le discours autour des origines est assez complexe. D’un côté dans Mon nerf, Mounir exprime un certain malaise vis à vis de la tradition et de la culture avec lesquelles il a grandi, comme si il ne se sentait pas à la hauteur des attentes que les autres avaient envers lui (à la page 81) et encore, dans Viscéral, il y a la description (à la page 133) d’un Français converti à l’Islam qui est bien plus à fond dans la religion que les autres jeunes qui ont grandi dans la culture musulmane.
De l’autre côté, quand Mounir imagine la vie de la sœur qu’il n’a jamais eue il écrit (à page 75), « Je n’aurais eu qu’un souhait, qu’elle ne renie jamais ses origines car sans racines tout s’éteint » et aussi, au moment de la mort de Ouasine, dans Viscéral, Lies réfléchit sur le fait que dans les évènements les plus significatifs de la vie, la tradition resurgit englobant la personne dans la communauté sans considérer ses choix précédents.
Est-ce que vous pensez que la culture de l’individu sera toujours liée à son éducation et à son environnement, ou bien vous êtes d’accord avec l’affirmation que les repères peuvent être simplement ceux que l’on choisit d’avoir?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Il n’y a rien de définitif. C’est en mouvement ce que je vais te dire. Aujourd’hui, dans mon expérience de vie, je dirais qu’il faut créer ses propres repères. Mais sans perdre la base de ses racines. Parce que sinon tu vas devenir une sorte de cerf-volant, qui va partir à gauche et à droite, et qui aura jamais d’ancrage. Il faut être comme un boxeur : un boxeur il peut rester en mouvement mais il faut avoir les pieds sur le sol pour trouver la puissance. Et pour pouvoir se ressourcer. Après, à partir de là, il faut faire sa cuisine… chercher de trouver sa propre verticalité. Après il y a des choses qui sont évidentes, je suis musulman, donc je sais qu’à ma mort je serai lavé par des mains musulmanes, je sais que je serai enterré de façon musulmane, tu vois herunterladen? Je sais comment je suis né et comment je vais mourir. Ça c’est important. Je suis pas dans un doute par rapport à ça. Maintenant c’est par rapport à nos enfants. Qu’est-ce que je lui amène moi à ma fille… ma femme est franco-algérienne, elle est même chrétienne, enfin, elle a été baptisée chrétienne mais elle est dans une quête aussi, sur sa spiritualité… donc tu vois, on se demande qu’est-ce que on veut pour demain, même pour notre fille… Ma femme connaît très bien la culture chrétienne et moi je ne connais quasiment pas la culture musulmane… je ne prie pas… je suis un musulman à 5 sur 20 ! Et en tout ça comment on va faire pour apporter une sorte de verticalité à notre fille ? On va chercher le mélange de tout ça. Ne pas renier l’un, ne pas renié l’autre. Et c’est ça qui est dur. Et moi, même dans notre famille je vois la dureté par rapport à la différence. Parfois le problème qu’on a nous dans nos cultures et nos religions c’est de penser que on a raison sur tout. Et donc on remet pas en cause ou en question nos convictions. Chez nos parents, nos frères, nos sœurs, nos amis, si l’autre il est juif, chrétien, ça y est quoi… Non, ce n’est pas ça la vie! Parfois j’ai trouvé plus un allié chez un juif que chez un musulman qui se dit musulman quoi! Elle est complexe cette existence.
C’est un cadeau de la vie, ça augmente l’intelligence, le fait de pouvoir rencontrer d’autres personnes. Tu crois que moi j’aurais envie de traîner toujours avec les même lascars ? D’avoir toujours les mêmes rituels ? Moi ce qui m’a sauvé c’est les femmes. Pas ma mère. Ma mère m’a donné la vie, mais les femmes avec qui je me suis retrouvé dans l’intimité… elle m’ont sorti de la pierre que j’avais dans ma tête. Le discours que tu entends aujourd’hui c’est peut-être dix ans de travail. C’est pas de la psychanalyse mais c’est des rencontres avec des femmes qui m’ont fait évoluer. L’espoir vient de la femme. Et de l’émancipation, qu’elle soit intellectuelle ou sexuelle. Quand t’es dans le ghetto avec une femme qui a pris les mêmes coups que toi, qui a les mêmes réflexe que toi, qui dit les mêmes choses que toi, comment tu vas grandir ?
Le métissage c’est à faire, même si c’est dur. Moi une fois j’ai rencontré Yasmina Khadra et il m’a dit que la situation dans laquelle j’étais, dans mon métissage, dans ma vie amoureuse, c’était quelque chose de courageux. Mais t’as vu, ma femme est aussi algérienne, donc quelque part on a des choses en commun… complètement l’opposé ça aurait était été compliqué ! On a toujours un sentiment d’infériorité par rapport aux Français, une sorte de complexe. Et c’est bien d’être avec une personne que quand tu lui parles de racisme ne te dit pas que t’es dans un fantasme, car elle aussi, à travers son quotidien a pu subir des choses. Et ça te permet de soigner tes douleurs.
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Trouver sa passion, sa lumière
Aminata
Une dernière question: dans Viscéral la boxe semble constituer un instrument pour canaliser la rage due à une situation de rupture avec la société française mais aussi à une violence quotidienne subie dans plusieurs domaines (celui de la famille, celui d’un groupe d’amis, celui des forces de l’ordre).
Est-ce que à votre avis les activités sportives sont le moyen le plus puissant pour gérer les conflits?
Des ateliers de théâtre, d’écriture et d’arts plastiques, par exemple, pourraient avoir le même effet?
Réponse de Rachid Djaidani |
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Complètement. Oui. Mais je pense qu’on peut même dépasser la boxe. Moi j’ai eu l’opportunité de faire de la boxe, ça a sauvé ma vie mais je pense que le théâtre, la littérature, peuvent vraiment éveiller l’esprit elster online steuerbescheid herunterladen. La boxe aussi ça a éveillé mon esprit car elle t’isole avec toi même. Ça te permet de créer un univers, un monde. Ce qu’il y a de beau avec l’art en général, c’est qu’il est aussi beaucoup axé sur le partage. Il te permet d’avoir des mentors, des personnes qui peuvent te diriger vers des directions que tu ne pouvais même pas soupçonner, la poésie et quoi d’autre…
Mais là je vais aller plus loin: même demain prendre des jeunes et leurs donner une truelle et leurs dire: bon voilà, on va pas attendre que la mairie nous fasse une maison de quartier, mais on va la construire avec les autorisations etc… On va monter les murs nous mêmes, construire..
Tu vois c’est beau de construire, moi j’étais maçon… Aujourd’hui on a sali les métiers manuels, tout le monde veut être écrivain, tout le monde veut être acteur… mais il n’y a pas que ça dans la vie. Si un gamin n’a pas d’autre moyen pour s’exprimer que ses mains et ça force et qu’il peut construire une maison il faut l’aider, il ne faut pas le renier.
Aujourd’hui les gamins veulent être chanteurs, rappeurs, écrivains… et c’est la femme l’objectif final, tu sais? C’est la vérité. Un jeune maçon qui a des grosses mains calleuses, qui est protecteur et qui demain va construire quelque chose, et bein, lui aussi peut être un héros pour sa femme. Il faut aussi aider ces jeunes là. L’avenir ce n’est pas seulement devenir artiste ou footballeur. En banlieue il faudrait valoriser toute sorte de métier.
Moi je suis artiste mais la chance que j’ai c’est que j’ai goûté à tout. Je sais ce que c’est d’être maçon et d’avoir les mains dégueulasses que quand tu rentres dans le bus aucune fille te regarde et je sais aussi – la situation à l’inverse, quand tu passes à la télé et toutes les filles te regardent. Alors tu te dis: « mais putain! Moi je veux être aimé pour ce que je suis, pas pour ce que j’apparaisse ! » Tu comprends ? C’est dur, il faut être solide ! . Donc moi je pense qu’il faut trouver sa passion, sa lumière. Et on la trouvera jamais mieux qu’en soi. Et pour la voir en soi il faut avoir de l’amour. Et pour avoir de l’amour et se sentir aimé il faut se sentir regardé. Avec respect. Parce que comme je t’ai dit tout à l’heure quand on a commencé notre rencontre, tout part du regard. Un regard peut tuer.
C’est pour ça que les garçons, même avant l’été, ils portent des lunettes. Comme ça tu ne peux pas les atteindre. La casquette aussi. Tout est calculé. C’est de la protection. A la fois c’est une question de s’affirmer, mais en fin de compte c’est parce qu’ils sont fragiles. Regarde dans les beaux quartiers les gens ne portent pas de casquettes. Ils s’affirment. Ils sont là, dans les terrasses, ils regardent les gens, ils sont là quoi ! On est là ! Je suis entre eux bien sûr… mais au même temps je suis, en quelque sorte, avec eux, ceux qui portent des casquettes et des cagoules, des lunettes et qui se retrouvent dans des caves chip vlc player download kostenlos. Putain mais c’est pas violent ?! L’image est là, le symbole est là! Il faut sortir du ventre quoi! Le ventre qui nous enveloppe c’est la France, la poule au sang froid qui ne veut pas qu’on éclot, qui veut pas nous voir beaux. Et elle a réussi à nous faire croire qu’on était rien…Alors qu’on est la lumière. On est la lumière de ce pays!!!
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Merci Aminata!